Défense des victimes d’un féminicide

PENAL – Cour d’Assises de PARIS

Depuis plus de 10 ans aujourd’hui, Maître Aurélien AUCHER a l’honneur d’assurer la défense de la famille d’Eslam KERKENNI, jeune femme assassinée chez elle par son époux dont elle souhaitait se séparer.

Début 2010, battue et sous l’emprise de son époux, un notable Tunisien qui la soumettait à une camisole chimique, Eslam KERKENNI est exfiltrée par bateau avec l’aide de sa mère et de sa famille tunisienne

Hélas, son époux dont elle était parvenue à s’échapper s’est finalement rendu en pleine nuit à son domicile Parisien où il l’a surprise au retour de soirée, avant de lui porter 16 coups de couteau (dont 5 dans le dos) ainsi qu’à son compagnon d’alors.

La jeune fille y succombera alors que son compagnon aura la chance d’être sauvé grâce à l’intervention des premiers secours.

Avant son passage à l’acte, l’assassin avait pris soin de menacer sa femme à plusieurs reprises par messages téléphoniques, d’organiser son voyage en France depuis la Tunisie en annulant son billet de retour en avion pour adapter sa fuite, de se faire fournir des puces téléphoniques enregistrées au nom de tiers, de se teindre les cheveux, de s’acheter un couteau à cran d’arrêt dénommé « infidèle » ainsi qu’une bombe lacrymogène et des menottes de professionnel…

La préméditation était manifeste.

Hélas, la famille de la victime avait fini par perdre espoir en raison de la fuite de son assassin qui avait pu s’échapper et quitter le territoire malgré l’émission d’une notice rouge d’Interpol.

A l’issue d’une longue instruction, Maître Aurélien AUCHER a alors obtenu la condamnation du fugitif à 30 ans de réclusion criminelle par défaut en 2017 ainsi que l’indemnisation de la famille de la victime.

Cette première condamnation n’a hélas pas permis à nos clients de faire leur deuil.

Après cette première condamnation qui a été relayée par la presse française, nous avons tenté de solliciter des contacts auprès des autorités Tunisiennes, et d’autres pays, jusqu’à ce que nous parvienne un reportage diffusé par les chaînes de télévision brésilienne.

Dans ce dernier la presse locale dénonçait l’agression commise sur une femme par un homme ressemblant étrangement à l’assassin condamné.

Après vérification il s’est avéré qu’il s’agissait du même homme, mais avec un nom différent.

Ce dernier n’avait pas hésité à lancer un cocktail molotov au visage d’une restauratrice qui avait mal répondu à sa compagne brésilienne, et a été condamné à 8 ans d’emprisonnement par les autorités de SAO PAULO.

Cette nouvelle infraction nous a permis de remettre la main sur l’assassin qui avait pu laisser croire aux autorités locales que son nom de famille correspondait à celui de sa ville de naissance en Tunisie.

Ce subterfuge lui avait permis d’échapper au mandat d’arrêt international.

Nous avons aussitôt sollicité son extradition et avons multiplié les recours pendant plusieurs années auprès des autorités françaises et brésiliennes.

Hélas suite à la crise COVID, l’assassin d’Eslam KERKENNI a fait l’objet d’un aménagement de peine visant à désengorger les prisons brésiliennes.

Il en a aussitôt profité pour s’enfuir.

Il gagne alors l’Argentine en traversant la forêt amazonienne.

Arrivé en Argentine il sera arrêté avec l’aide d’un taxi local qui retrouvera trace de nos clients sur internet à la lecture des articles de presse français.

Notre cabinet est alors intervenu afin de solliciter son extradition prioritaire vers la France.

C’est dans ces conditions que l’affaire a été rejugée cette semaine.

Dans ce nouveau procès, l’accusé a tenté d’invoquer, 15 ans après les faits, la démence… un axe de défense reposant sur un passé médical manifestement inventé (et qui heureusement n’a pas dupé l’Expert psychiatre désigné par le juge d’instruction).

Cette construction soudaine était totalement incompatible avec l’organisation de sa longue fuite, le développement de ses diverses activités commerciales dans les différents pays qu’il traverse (dénotant un sens aigu du commerce), et les condamnations prononcées à son encontre en Amérique du Sud durant cette même période : depuis 2017, que ce soit au Brésil ou en Argentine, sa santé mentale n’a jamais fait l’ombre d’un doute… et n’a d’ailleurs jamais été excipée comme moyen de défense, même pour son extradition.

Face aux dissimulations permanentes de ce proche de la famille TRABELSI (femme de l’ex président Tunisien BEN ALI), les interventions de notre cabinet ont permis d’assurer que la Cour d’assises et ses jurés soient parfaitement informées de son passé judiciaire brésilien, passé que l’accusé tentait de dissimuler (jusqu’alors avec succès) aux Experts et aux Juges.

Cette procédure a été l’occasion pour notre cabinet d’interroger l’accusé et les témoins afin :

  • de démontrer que les personnes souffrant de schizophrénie ne se comportaient pas comme l’assassin qui prétendait souffrir d’une telle maladie à la date des faits alors qu’il n’en présentait aucun des symptômes et développait plusieurs commerces sur la même période en apprenant plus de 5 langues ;
  • de confronter l’assassin sur ses contradictions (ce dernier niant par exemple avoir battu sa femme avant les faits…).

L’accusé a finalement été condamné pour assassinat (meurtre avec préméditation) à une peine de 30 ans de réclusion criminelle dont 2/3 de sûreté, avec interdiction de pénétrer sur le territoire de la France après l’exercice de sa peine.

La Cour d’Assises de PARIS a repris l’intégralité des arguments développés dans nos conclusions et a fait droit à l’ensemble de nos demandes indemnitaires dans l’intérêt de la famille KERKENNI.

Suite à cette condamnation l’auteur de cet assassinat a déclaré vouloir faire appel.

Qu’il se rassure, nous serons à nouveau présents pour défendre la mémoire d’Eslam KERKENNI et rappeler les termes des décision obtenues.

Pour plus d’informations sur cette affaire vous pouvez lire les articles suivants qui parlent de notre travail :

PRESSE FRANCAISE

https://www.leparisien.fr/faits-divers/quinze-ans-apres-le-feminicide-et-une-incroyable-cavale-le-mari-deslam-enfin-devant-la-justice-07-04-2025-PGMXSIUJ7FCT5AILXNN333RMVY.php

https://www.leparisien.fr/faits-divers/feminicide-deslam-indigent-mais-proche-de-ben-ali-et-capable-de-financer-sa-cavale-wael-mannai-linsaisissable-accuse-09-04-2025-TDP2QTRJL5G5FJXBL4TNUPPGWQ.php

https://actu.fr/ile-de-france/paris_75056/52-proces-les-larmes-ameres-de-la-famille-d-eslam-assassinee-par-son-ex-mari-il-y-a-15-ans-a-paris_62488724.html

https://www.leparisien.fr/faits-divers/feminicide-deslam-juge-quinze-ans-apres-trente-ans-de-prison-pour-son-mari-11-04-2025-4MOZHJVG4VDGBDCFLUYNPKTVLM.php

PRESSE INTERNATIONALE

https://www.clarin.com/policiales/mato-mujer-paris-anos-despues-cayo-hacer-cuarentena-formosa_0_Y6wNvMQXc.html?srsltid=AfmBOorFM6nsie8dpz9NbzjpKmWMtGreoLh5MuXUTbG4uApvlQwhDxF8

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